D'abord un peu de vocabulaire...LOCAVORE, késako?
D'après, notre bonne vieille encyclo Wikipédia (et oui, 14 ans déjà et en passe devenir l'encyclopédie la plus fiable, parole de prof-doc!), "le locavorisme ou mouvement locavore est un mouvement prônant la consommation de nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de son domicile. On nomme locavore une personne qui adhère au locavorisme. En outre, le locavorisme se veut également un acte de stabilité sociale par le maintien harmonieux des populations sur les territoires."
Bien bien bien... et c'est possible en Guyane? En élargissant le rayon à l'ensemble du département (donc 250 km de chaque côté de Kourou) et étant un peu inventif, OUI, c'est possible!
Retour sur la semaine "test".
- D'abord, les courses.
-Au marché, pas trop de soucis pour trouver du "local", globalement les fruits et légumes sont produits en Guyane. Par contre, les épices, huiles, condiments et même le couac arrivent tout droit du Suriname.
D'ailleurs, on a fait une belle découverte: d'où viennent l'oignon et l'ail de Guyane, si bien présentés en vrac sur les étals du marché...??
-De Guyane?
-Nooon, fait trop chaud ma bonne dame, ça pousse pas!...Ils viennent du Suriname (qu'il me dit le vendeur!).
-Euh?! Il fait aussi chaud au Suriname non?
-Ah oui mais non, en fait ils viennent d'Europe, de Hollande (Suriname= ancienne colonie hollandaise).
-Ok... pratique. Et ils sont cultivés aux Pays-Bas?
-Bin non, des fois ils viennent de CHINE!!!
-...
Donc résumons-nous, mon petit oignon avant de finir dans ma tarte (à l'oignon recette d'Anaïs, à tomber!) ou dans mon ceviche (presque aussi bon que ceux du Chili, mais c'est une autre histoire que je dois vous raconter bien vite!), mon oignon donc, il pousse tranquilou bilou (ça ne se dit plus, je sais) en Chine, il passe un petit mois sur des containers (manquerait plus qu'il prenne l'avion) pour arriver aux Pays-Bas, il continue son petit bonhomme de chemin vers le Suriname et là il va juste refaire encore 350 bornes pour arriver sur la bâche bleue du Hmong du marché! Glups!
Il en a des tampons sur son passeport!
Donc on va se passer d'oignons hein!
-Pour le reste pas trop de problèmes, la viande (boeuf local), les volailles (poulet ET canard...un petit magret pour l'occaz'!), le poisson (qui est bien cher en ce moment) et les œufs...tout "pousse" ici!
Les laitages , ça marche aussi: Ferme de Lait-Quateur et yaourts made in Guyane.
On s'est même laissé amadouer par du lait de chèvre, des petits crottins et un fromage blanc de chèvre, bien délicieux.
En plus: café (pas de Guyane mais torréfié en Guyane... c'était ça où je perdais Lulu dès 7 h du mat'!), du couac ("couac David" à 5 € le kilo, c'est un peu l'arnaque...) et de la bière Jeune Gueule pour pas se laisser abattre!
-On combine le tout avec notre panier bio hebdomadaire (adhérents pour la deuxième année, on ne s'en lasse pas.) et nous voilà parés pour la semaine!
Ah ah j'oubliais: le miel des abeilles de notre cloison (!) pour remplacer le sucre
...et pour le sel bin, y'a la mer quoi!
- Petite fabrique de sel:
(ça mets du temps, c'est pas très écolo rapport au gaz consommé, mais c'est cool d'avoir du Sel-de-mer-de-Kourou)
- Ce qui ne se fait pas en Guyane
-le thé: j'ai eu un peu de mal le matin avec les infusions feuilles de menthe/gros thym/basilic
-le chocolat: en fait, si y'en a (chocolatier de Régina) ...mais on en a pas trouvé en cette saison! Ça dépend des récoltes...
-l'huile, le beurre, la crème: pour le régime c'est impec...mais pas pour faire rissoler les patates douces!
-le vin: qui nous a bien manqué avec les petits chèvres!
-la farine: exit tous les féculents à base de farine + le pain (gros soucis le pain...)
Du coup on testé la farine de couac, amoureusement mixée et tamisée par mes petites mains... (bon ok le blender a fait le taf!)
C''est pas très concluant...surtout pour le pain!
"pain de couac VS pancakes de couac": le match est pas serré du tout... Victoire des pancakes par KO! |
- Étape 2: les menus de la semaine
On ne fait jamais ça, préparer des menus à l'avance: c'est plutôt "Was willst Du essen?" (hum hum mes restes d'allemand sont très modestes!) avec la tête dans le frigo pour trouver l’inspiration...
Mais pour cette exceptionnelle semaine, on a préparé des menus, histoire de pas galérer!
Plutôt facile de varier et d'équilibrer en mode locavore... on a même fait des petites fantaisies!
(genre blinis de couac, rillettes de canards, parmentier de giraumon, milkshake au lait de chèvre,...)
- Verdict de la semaine:
Finalement, on se rends compte qu'on a déjà des habitudes locavores: on cuisine avec des bases, on mange pas mal de légumes locaux et on arrive volontiers à se passer de certaines denrées lointaines...
Globalement, on s'est juste reboosté pour aller plus souvent chez le boucher ou au marché poisson (c'est tellement plus simple à Super U...mais tellement moins bon!) et manger plus de fruits! Ça parait paradoxal mais souvent on se contente des fruits du panier bio... donc bien souvent des bananes!
Ce qui nous a manqué le plus, ça doit être le pain pour Lulu et moi le thé (du vrai!) et du chocolat!
On a aussi ressenti des petites fringales liées à l'absence de sucre (les rapides et les lents!) le miel c'est cool, ça remplace bien (mais ça crisse pas sous la dent hein Dav?), mais pour les pâtes et l'énergie, la patate douce fait pas le même effet... (Bref, vu que je suis pas diététicienne je vais m'arrêter là!)
- Et la suite?
L'idée du "challenge", c'était de tester en version drastique: archi-rien de l'extérieur de la Guyane. Sur le long terme, je pense que ça reste difficile à tenir.
Par contre, on reste des "semi-locavores": quelques produits non locaux sont inévitables (farine, sucre, levure, fromage, huile, crème, chocolat) et j'aime trop cuisiner pour m'en passer! Mais pour le reste ce sera label Guyane!
La liste de course pour les semaines à venir risque d'être allégée et je suis en train de faire un "vide-placard" des denrées "consuméristes" (!) (= chips, fajitas, boîtes...), pour essayer de faire sans ou en tous cas différemment!
Le dernier petit hic, c'est que local signifie pas toujours bio/bon pour la santé (vu la quantité de pesticides et la tailles de certains légumes y'a de quoi douter un peu!). Donc on va continuer à privilégier certes du local, mais surtout du BON (pour nous, notre petit corps et la planète tant qu'à faire!)
Et d'ailleurs ça commence bien: notre panier de légume vient d'être enrichi de 8 kilos de viande (zébu) locale et bio!!